Huiles essentielles : les nouvelles recommandations

Adeptes de la phytothérapie et de l’aromathérapie, soyez vigilants ! Le 16 décembre 2020, l’Anses a publié un rapport mettant en garde contre les effets indésirables des huiles essentielles de melaleuca. Cela concerne le tea tree, le niaouli et le cajeput. Quels sont les risques liés à leur consommation ? Peut-on continuer à les utiliser ? Au vu des nouvelles recommandations, nous faisons le point avec vous !

L’utilisation des huiles essentielles de melaleuca 

Les huiles essentielles de melaleuca sont extraites à base de végétaux qui appartiennent à la catégorie des myrtes (myrtaceae de leur nom scientifique).

Cette famille regroupe plusieurs centaines d’arbres et d’arbustes très aromatiques. On utilise certains d’entre eux en phytothérapie dans un but antimicrobien :

  • le tea tree également appelé « arbre à thé » en français,
  • le niaouli,
  • le cajeput.

On peut les trouver dans plusieurs régions du monde mais l’Australie est le seul endroit à recenser ces 3 espèces à l’état sauvage !

Interdites dans d’autres pays en Europe

Dans certains pays européens, on a complètement interdit l’utilisation des huiles essentielles de melaleuca dans les compléments alimentaires. C’est par exemple le cas de l’Italie. Leur utilisation et, plus particulièrement leur consommation dans l’Hexagone, peut donc légitimement interpeller.

En France, on ne les prend traditionnellement pas par voie orale. Elles sont plus souvent réservées aux voies respiratoires ou à une application locale.

Cependant, il est possible de détourner l’usage recommandé par le fabricant. De ce fait, certains compléments alimentaires contiennent des huiles essentielles de melaleuca. Par conséquent, l’ingestion est un phénomène bien réel.

Pour cette raison, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a décidé de mener une étude. Son analyse devait permettre d’évaluer la réalité du danger du tea tree, du niaouli et du cajeput, utilisés sous la forme d’huile essentielle.

Les effets indésirables des huiles essentielles de melaleuca

Dans une publication du 16 décembre 2020, l’Anses déclare que « l’absorption par voie orale de certains composés des huiles essentielles de melaleuca présente des risques neurologiques (niaouli et cajeput), cancérigènes, génotoxiques et potentiellement reprotoxiques ».

L’Anses fournit le détail des substances préoccupantes contenues dans les huiles essentielles de melaleuca.

Trois de ces composés sont spécifiques au tea tree :

  • terpinen-4-ol : a une toxicité testiculaire chez le rat, d’où le terme « reprotoxique ».
  • méthyleugénol : connu comme génotoxique (qui altère les chromosomes et les gènes) et cancérogène chez l’homme. Il n’existe cependant qu’en faible quantité dans l’huile essentielle de tea tree.
  • Ascaridol : nous avons peu d’informations sur sa toxicité à l’heure actuelle mais cette substance se forme dans de mauvaises conditions de conservation.

Concernant le cajeput et le niaouli, la substance mise en cause est le 1,8-cinéole pour ses complications neurologiques chez les enfants. Il est aussi présent dans l’huile essentielle de tea tree mais dans des concentrations très faibles.

Peut-on continuer à utiliser l’aromathérapie à base de melaleuca ?

La réponse est oui, même par voie orale. Si vous observez des bénéfices sur votre santé avec les huiles essentielles de melaleuca, vous pouvez continuer à les employer mais en prenant quelques précautions.

Voici les recommandations de l’Anses concernant la prise par voie orale :

  • Ne pas utiliser les huiles essentielles de niaouli et de cajeput sur des enfants de moins de 30 mois et sur tout enfant ayant des antécédents d’épilepsie et de convulsions fébriles.
  • Éviter l’ingestion des huiles essentielles de melaleuca par les femmes enceintes, allaitantes et par les enfants (retrouvez les huiles essentielles à cuisiner).
  • Conserver l’huile essentielle de tea tree au frais et à l’abri de la lumière.
  • Éviter les interactions avec d’autres traitements naturels ou médicamenteux.
  • Discuter avec son pharmacien ou son médecin de la prise de ces substances seules ou intégrées à des compléments alimentaires et de tout autre traitement en cours.

Les fabricants sont quant à eux soumis à certaines obligations. Pour l’huile essentielle de tea tree, ils doivent déterminer le nombre maximal de gouttes à prendre par jour. La posologie joue en effet un rôle déterminant dans la toxicité des différentes substances. Pour cela, ils tiennent compte des teneurs en terpinen-4-ol et en méthyleugénol ainsi que du poids corporel du consommateur.

D’autre part, ils sont dorénavant tenus d’indiquer au consommateur les bonnes méthodes de conservation de l’huile essentielle de tea tree. Ceci dans le but de prévenir la formation d’ascaridol.

Enfin, pour les compléments alimentaires, ils doivent faire preuve de la plus grande transparence. Dans le cadre du dispositif de nutrivigilance, ils ont pour mission d’informer le Ministère des Solidarités et de la Santé des potentiels effets indésirables. Une procédure rendue accessible via un formulaire en ligne, dans l’intérêt de tous.